Contes de l’absurde5 minutes de lecture
L’hallucination :
Le chef d’un service de torture fait un récit horrifique de son travail, alors qu’un militaire est torturé dans la pièce d’à-côté, mais il sombre dans un rêve qui le plonge progressivement dans l’enfer de Dante, où ses subordonnés l’attaquent. Finalement, il se réveille.
Une Nuit interminable :
Assis à la terrasse d’une brasserie de Montparnasse à Paris en août 1949, un libraire de profession nommé Oscar Vincent fait une pause devant une bière. Une personne étrangement vêtue appelée Amoun-Kah-Zaïlat l’accoste et lui demande la date du jour. Il lui explique qu’il fait parti du peuple Badari, une civilisation éteinte il y a 8 000 ans, qu’il voyage 20 000 ans dans le futur, et fait une pause en raison des limitations techniques de sa machine à explorer le temps. Consécutivement, un client de la table d’à-côté appelé Djing-Djong qui a lui aussi une apparence étrange les abordent, leur expliquant qu’il a entendu une partie de leurs propos et qu’il est par hasard lui aussi un voyageur du temps. Il indique être originaire de Pergolie, 12 000 ans dans le futur, un continent situé dans le milieu du Pacifique et qu’il n’a pas encore émergé, et voyager loin dans le passé dès qu’il aura fini sa pause. L’un est beau et musculeux, alors que le second est tout le contraire.
Après de longues discussions, Amoun-Kah-Zaïlat se dirige vers le Jardin des du Luxembourg avec Oscar, puis il part pour le futur et revient aussitôt de Pergolie. Là-bas, lors du retour de Djing-Djong de Badari, où ils se sont également croisé, il a appris que les Pergoliens vont partir pour Badari, dans le but de l’envahir, ce qu’il compte empêcher, et précise qu’il vont arriver incessamment à Paris pour faire escale.
Ainsi, ces deux voyageurs effectuent de nombreux déplacements temporels tentant à chaque fois de contrecarrer l’un ou l’autre adversaire, créant de nombreux paradoxes temporels. Finalement, une armée de cinquante Badariens, et autant de Pergoliens, arrivent à Paris devant Oscar pour livrer une bataille elle aussi émaillée de très nombreux voyages temporels impliquant des guerriers de toutes époques, dans le but de tenter de changer l’issue des hostilités. Lorsqu’il n’y plus aucun soldat vivant, Amoun-Kah-Zaïlat explique que les Pergoliens ont réussi à envahir le Badari et les remplacer, en diluant progressivement leurs gènes, par leur supériorité en nombre en se reproduisant avec les femmes et les hommes Badaris. Le Badari se transforme en Djing-Djong. Il s’agit en réalité de la seule et même personne.
Finalement Oscar retrouve une machine à explorer le temps égarée par l’un des soldats, puis l’utilise mais remonte seulement douze heures avant, au moment où il rencontre pour la première fois de sa vie le Badarien, le bloquant éternellement dans cette boucle temporels et l’obligeant sans cesse à revivre cette nuit-là.
Le poids d’un sonnet :
Ménard aide son amis Bourdon, un très perspicace passionné d’énigmes ou d’enquêtes, à recréer l’œuvre d’un écrivain nommé Valette, meilleur ami de Bourdon. Valette est décédé juste avant d’allumer un cigare, dont l’allumette a fait brûler deux feuillets manuscrits. Bourdon les récupère et décide de tenter de retrouver les inscriptions qui figuraient dessus l’un d’entre eux. Il utilise plusieurs méthodes, tout d’abord la pesée très précise et la micro-imagerie, pour déterminer les régions vierges d’encre, et celles qui pèsent plus. Il se base également sur une page vierge et des écrits de l’auteur pour établir des moyennes et comparer. Après plusieurs mois de travail, il commence à établir des formes et des placements parcellaires de plusieurs lettres sur plusieurs lignes. La graphie de la ponctuation, des lettres basses et hautes permettent de distinguer clairement certaines lettres, et les canevas d’un texte à trou et de mots incomplets apparaissent progressivement. Ménard apporte également ses suggestions, et à mesure que de plus en plus de mots apparaissent, s’ajoutent la technique d’écriture de la poésie, les sonorités, le sens des mots, le sens global des phrases et du récit, le style de l’auteur, ou le style graphique de l’écriture de Valette, permettant tous de faire des découvertes, des déductions, et avancer l’énigme, mais aussi de commenter le texte découvert. Ainsi, ils arrivent finalement au bout de longs mois à reconstituer la totalité du texte, un sonnet.
Le Règne des sages :
La terre a évolué et est gouvernée par la sagesse. Les pays, les frontières, les religions et les guerres n’existent plus. Il ne subsiste que deux courants de pensées, deux écoles toutefois opposées. Le savant Particule prône un mouvement estimant que tout est composé d’électrons, ce sont les Corpusculaire ou Électronistes (également Granulaires), alors que le savant Armonique revendiquant l’existence des ondes, ce sont sont les Ondulistes (également Vibratoires). Chaque année, un gouvernement mondial d’un bord est créé pour diriger la Terre, alors qu’aussitôt un second clandestin et créé pour encadrer l’autre courant de pensée.
L’an 2… débute alors que les électeurs ont confiés la direction de la planète aux électronistes. Afin de sortir les habitants des régions chaudes et tropicales de leur torpeur provoquée par la chaleur, ils vont installer des machines électriques dans ces régions pour réguler la température et la maintenir en permanence à 20° Celcius. Ceci permet aussi de démontrer les capacités de l’électron. Il en sera de même pour les Inuits et les Lapons dans l’Artique et l’Antartique, où la neige fondra et le sol dégèlera à la température constante de 20° grâce également à des machines savamment espacées. Elle seront construites en six mois en secret par des électronistes et également installées sans dévoiler le projet, au milieu de l’année.
Toutefois, déçu de perdre les élections, les ondulistes décident eux aussi en secret de déplacer la chaleur trop importante au niveau de l’équateur, pour la redistribuer sous forme d’énergie au niveau des pôles pour refroidir le climat, et maintenir la température à 20°, dans le but de prouver l’efficacité des vibrations.
Après des préparations, le premier juillet, les deux écoles lancent au même moment leur propre programme de modification climatique, doublant ainsi les variations de températures, celle-ci dépassant les prévisions. La température est alors inversée, chaud aux pôles et froid sur l’équateur.
Cet échec double provoque la mort de Particule et d’Armonique qui se suicident face à l’échec. Si une végétation luxuriante se développe au nord et au sud sous la chaleur, les zones équatoriales plongent sous la glace, et voient la faune et la flore mourir de ces variations. Les changements trop brusques ne permettent pas non-plus aux peuples nordiques de s’adapter et survivre, tout comme les peuples équatoriaux. Des milliers de personnes meurent ; mais les autorités estiment qui n’est pas saint de modifier trop souvent l’équilibre climatique de la planète et laissent la situation ainsi, d’autant plus que les scientifiques de chaque école considèrent finalement ne pas s’être trompé dans leurs prévisions.
Le parfait robot :
Le professeur Fontaine, le meilleur scientifique en cybernétique de sa génération travaille pour l’entreprise C.C.E., où il développe les systèmes de calculatrices à un tel degré qu’ils sont capable d »inventer des théorèmes qui n’avaient jamais existé et que personne ne peut comprendre. Par la suite, il développe des robots notamment leur intelligence artificielle, grâce aux échecs, puis apprend à son ordinateur à parler, à penser et à écrire. Par la suite, il rajoute à tous ses prototypes des capacités biologiques, comme la possibilité de manger et de digérer, puis de se reproduire, et de faire eux-même évoluer leur nature. Cependant, quand bien même ses robots sont de plus en plus perfectionnés et s’approche de la maitrise de tout ce que l’homme peut faire, les observateurs comme ses supérieurs sont dubitatifs, et estiment, qu’il manque toujours un petit je ne sais quoi et que ses robots ne sont que la projection du travail du professeur et de son intelligence, et qu’il ne sont pas humain.
Les années passent, sans que de nouveautés interviennent, jusqu’au moment où le professeur Fontaine réunit ses supérieurs pour leur dévoiler qu’il a trouvé la solution. Il leur a rajouté la possibilité de se tromper ; ainsi, ses détracteurs comme à douter de leurs positions initiales, et toutes les démonstrations de robots maladroits ou dans l’erreur finissent de les convaincre de leur caractère humains, ainsi de leur intérêt, en reconnaissant chez eux les derniers caractères humains manquants : l’humour et le sentiment artistique. Les robots dès lors si parfaits sont admis en production en série.
Commentaires
L’hallucination : Une nouvelle très courte, entre horreur et fantastique, sur le thème de l’onirisme, du travail bien, précis méticuleux, et techniques et assez macabre, plus qu’il s’agit de torture. Un aspect intéressant aurait été de connaître l’impact sur le tortionnaire de ce rêve dans lequel il est torturé.
Une Nuit interminable : Une nouvelle de science-fiction courte dans laquelle Pierre Boulle joue avec les cohérences du voyage dans le temps et les paradoxes temporels, sur le ton de l’humour il me semble… Amusant…
Le poids d’un sonnet : Retrouver un texte à partir des cendres d’une feuille brulée, grâce à la technologie, puis à la déduction. Une fiction, impossible, mais le devient grâce à la science, et un peu de déduction… long quand même… Pierre Boulle s’amuse cette fois avec les mots et les lettres, dans un univers d’écrivain…
Le Règne des sages : Nouvelle courte, qui aborde le thème de l’impact des recherches et de la technologie, de l’influence de l’activité de l’homme sur la nature, l’extinction des espèces, le colonialisme.
Le parfait robot : Nouvelle très courte de quelques pages abordant le thème de l’androïde, de l’intelligence artificielle, du robot à l’image de l’homme capable de réfléchir, doté de capacités biologiques, mais qui possède ce je ne sais quoi qui fait des humains des êtres uniques.
- Contes de l’absurde
- Pierre Boulle
- 1953
- Presses Pocket (1979)
- 9782266006095