Retour au Meilleur des mondes2 minutes de lecture
Aldous Huxley fait le constat que la prédiction qu’il fait dans Le Meilleur des Mondes s’est accomplie, et cela bien plus tôt que prévu dans son roman. Il tente de mettre en opposition son roman, dictature qui asservit le peule en le récompensant sur ses réussites, et 1984 de George Orwell, dont la dictature s’appuie sur la crainte et la peur de la sanction. Selon lui, le monde dans lequel il vit (1958, durant la guerre froide, 27 ans après l’écriture de son roman durant l’entre deux guerres, après le krach de 1929, avant l’avènement d’Hitler), sa prophétie s’est accomplie à cause de plusieurs facteurs.
L’augmentation de la population et de la surpopulation de certaines sociétés, conduisant les états à contrôler et réguler la vie, est en partie responsable de la réalisation prématurée de ses prédictions. Même les sociétés en apparente équilibre sont pour lui sous le risque de la montée du totalitarisme ; les pays sous-développés pourraient arrêter de fournir des denrées ou matières premières, remettant progressivement en cause l’ordre établi. Les progrès de la médecine, qui permettent la vie à des populations malades, moins fortes physiquement, moins intelligentes, mais aussi des société sous développées produisant des carences similaires, sont également responsables d’un affaiblissement des populations et des disparités entre êtres humains. Les progrès technologiques permettant de faire évoluer une société toujours plus organisée, tendent vers l’uniformisation de la société et de ses individus et poussent vers la concentration des pouvoirs politiques et économiques.
L’exercice de la liberté individuelle et de la décision personnelle n’est possible que dans une société libre et équilibrée. La propagande est pourtant l’apanage des sociétés. Elle peut être rationnelle, avec des intérêts claires et évidents pour la société, mais elle peut aussi faire appel à la passion, et devient falsifiée, sans argument, et appelle au lynchage de bouc émissaires. Huxley décrit différents moyens de propagande, dans les sociétés démocratiques, comme la presse, les médias, les différentes méthodes de l’information ainsi que la propagande commerciale, ou politique, mais aussi dans les sociétés totalitaires, comme le nazisme usant de la manipulation de masse, de la falsification des faits ou de l’appel à la passion. Il décrit également les techniques de manipulation de l’individu, comme la torture, ou l’endoctrinement favorisé par la faiblesse des individus, la fatigue physique, ou mentale ou la maladie. Huxley aborde le soma et constate que si toutes les substances chimiques ou drogues diverses utilisées n’atteignent pas le soma, elles sont très proches en terme de résultats, malgré certains effets secondaires néfastes. Par la suite, il s’interroge sur l’utilisation d’images subliminales pour influencer les individus et conclue à leur efficacité, puis signale son omission dans Le Meilleur des mondes, élément qu’il inclurait sans doute, s’il l’écrivait maintenant (en 1958). Il poursuit en tentant un parallèle entre l’hypnopédie bien que l’efficacité soit démentie, l’hypnose permettant d’influer sur les individus dans leur inconscient et le placébo/suggestibilité. Pour éviter la propagande et conserver les libertés de chacun, il estime que tout individu doit être éduqué afin de connaitre et comprendre, mais la capacité de critiquer amenant la subversion ou le désordre, ceci présente un danger pour le pouvoir dirigeant.
Huxley termine en s’interrogeant sur les solutions à apporter. Il rappelle alors de limiter l’augmentation de la population (en limitant les naissances) et subvenir à ses besoins, puis l’éduquer, de repenser une organisation sociale, en décentralisant et délaissant les villes, retournant vers un mode de vie plus rural, et de mettre en place une législation assurant la liberté de chacun. Il doute cependant de la capacité des individus à faire ceci, notamment les jeunes, dans la mesure où il estime qu’ils jugent leur condition actuelle acceptable.
Commentaires
C’est un essai dans lequel Aldous Huxley fait le constat que la prédiction qu’il fait dans Le Meilleur des Mondes s’est accomplie, et cela bien plus tôt que prévu dans son roman. Il est écrit en 1958, durant la guerre froide, 27 ans après l’écriture de son roman durant l’entre deux guerres, après le krach de 1929, avant l’avènement d’Hitler. C’est vraiment très intéressant de lire les réactions de l’auteur d’une dystopie près de trente années années l’avoir créée, de comprendre comment l’égalité pour tous peut mener à l’injustice et à creuser le fossé des inégalités en développant plusieurs niveaux sociaux.
- Retour au Meilleur des mondes
- Aldous Huxley
- 1958
- Pocket (2006)
- Traduction par Denise Meunier
- 9782266172455