L’Île du docteur Moreau4 minutes de lecture

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Edward Prendick, un anglais bénéficiant d’une formation scientifique, est secouru en mer après un naufrage dans le sud de l’océan Pacifique, par Montgomery et l’équipage d’un bateau transportant une cargaison d’animaux, vers une île sans nom. À l’approche de l’île, ce dernier ne veut pas qu’il débarque et le rustre et saoul capitaine ne veut pas le garder à son bord. Finalement avec beaucoup de difficulté, Montgomery décide de ne pas l’abandonner à son sort et le débarque sur l’île en même temps que les animaux, son équipe aux physiques étranges, emmitouflés et enturbannés, lui signalant que le lieux est « infernal ».

Prendick est logé dans une cabane à proximité d’un enclos qui lui est interdit, mais à l’écart des autres installations, et comprend que des secrets lui sont cachés. Abasourdi, il entraperçoit une oreille étrangement pointue et poilue, inhumaine de l’aide de Montgomery. Mais il n’obtient aucune réponse claire de ce dernier à ce sujet. Il entend prononcer le nom de « Moreau », qui lui rappelle l’histoire de ce Docteur anglais, s’adonnant à la vivisection et à des expériences animales révélées comme inutiles, obligé de fuir le pays. Il comprend que l’île lui appartient et que les cris des animaux notamment du puma émanant de l’enclos indiquent que des actes étranges se trament. Dans la forêt, il rencontre des êtres étranges, des sortes d’humains au corps déformés, aux comportement sauvages et primaires, et, à mesure que la nuit tombe et qu’il se perd en ce lieu, il rentre en contact avec l’un d’entre eux. De peur, il se met à fuir, et poursuivi par la bête, il parvient à retourner à sa cabane alors que son assaillant repart, puis s’endort grâce à quelque somnifère donné par Montgomery. Le lendemain, il réussit à rentrer dans l’enclos alors qu’il entend des cris, et voit du sang partout et aperçoit le docteur Moreau en train de disséquer ce qu’il prend pour un homme. Poussé par la crainte d’être le prochain sujet d’expérience, il s’enfuit dans la forêt et rencontre l’homme-singe qu’il a entrecroisé la veille, qui le mène à la quasi-totalité des monstres plus ou moins humains déformés, regroupés dans une caverne. Pensant que Prendick va vivre avec eux, ils lui apprennent la loi en récitant d’étranges litanies comme « ne pas marcher à quatre pattes, ne pas laper pour boire, ne pas manger de chair ou de poisson, ne pas griffer l’écorce des arbres, ne pas tuer des hommes ». Il comprend que Moreau est déifié par ces créatures. Soudain, Moreau et Montgomery arrivent, recherchant Prendick, mais ce dernier s’enfuit et tente de lâcher ses poursuivants. Acculé sur la plage, Prendick est convaincu par Moreau de ne pas se laisser à aller à l’océan et à une mort certaine, et lui assure qu’il ne veut pas sa mort.

Le Docteur Moreau explique alors ses agissements à Prendick. Il réalise ses expériences sur les animaux depuis vingt ans, soit onze années sur l’île, et tente de rendre humain les animaux qu’il modifie, leur donnant une forme anthropomorphique, et un peu de raison et la parole. Il les transforme physiquement, mais aussi mentalement en travaillant leur cerveau et tentant de faire naitre l’humanité chez eux. Cependant de tout ses essais, aucun n’est une réussite, puisque chaque spécimen est à un moment redevenu selon lui une bête inhumaine ; c’est à ce moment-là que celles-ci sont alors livrées à la forêt et se regroupent, tentant de préserver l’humanité qui leur reste, en respectant les lois édictées. Celles-ci ont été créées en réalité par le seul humain sur lequel Moreau ai tenté des expériences, un de ses serviteurs, un canaque, qui après s’être échappé, a rejoint la forêt. Moreau a créé plusieurs centaines de bêtes humaines, à partir d’un animal, ou parfois en greffant des parties de divers animaux entre eux, comme des chèvres, des moutons, des chevaux, des cochons, des bœufs ou des chiens ; certaines sont mortes, certaines se reproduisent. Les bêtes luttent ainsi constamment contre leurs instincts resurgissant (régulièrement, notamment à la tombée de la nuit) et les lois imposées. Moreau a par ailleurs implanté quelques inhibitions dans leur cerveau pour les empêcher de trop penser et d’attaquer leurs créateurs. En outre, Moreau précise que Montgomery a réussi à éduquer quelques bêtes à certaines tâches basiques. Moreau rajoute par ailleurs que la souffrance et la douleur qu’il inflige ne sont que des éléments insignifiants.

Par la suite, Montgomery et Prendick en excursion dans la forêt s’aperçoivent que des lois ont été transgressées, notamment griffer les arbres, manger de la viande ou laper pour boire. Prendick ayant déjà observé l’homme-léopard à son arrivée lors de sa première visite de la forêt s’adonner à ces actes, il est soupçonné d’en être le coupable. De crainte de laisser se répandre la sauvagerie, Moreau et Montgomery convoquent l’assemblée, réunissant toutes les bêtes humaines, afin de punir l’homme-léopard et reprendre les expériences sur lui. Cependant, lorsqu’il est accusé, celui-ci agresse son créateur et s’enfuit. Tous le recherche, mais c’est Prendick qui le trouve, et comprenant sa peur incontrôlable, le tue d’un tir de revolver pour lui éviter de nouvelles souffrances inutiles. Alors que Prendick soupçonne aussi l’homme-hyène d’être responsable, Moreau regrette la mort du léopard espérant faire de nouvelles expériences sur lui.

Plusieurs semaines après, un évènement survient subitement, le puma quotidiennement mutilé s’échappe de l’enclos, poursuivit par Moreau, armé d’un révolver. Montgomery et son serviteur partent à sa recherche, mais après des coups de feu et un combat avec des hommes-bêtes, ils reviennent à la maison sans résultat. Prendick le convainc de repartir chercher le docteur. Ils rencontrent alors plusieurs bêtes qui leur montrent les corps et que Moreau a tué le puma et vice-versa. Dès lors, Montgomery perd les pédales et part avec de l’alcool dans la forêt. Son serviteur animal et plusieurs bêtes meurent alors, après d’un feu sur la plage. Prendick qui prépare son départ de l’île sur les chaloupes les rejoint et voit Montgomery mourir. L’homme-hyène s’approche, sauvage, pour le tuer, cependant Prendick tire, mais le rate. Pendant ce temps, la maison et l’enclos connaissent un incendie détruisant tout, et il constate que Montgomery a fait le feu en brulant les chaloupes. Prendick reste plusieurs mois sur l’île avec les bêtes. Celles-ci comprennent qu’elles n’ont plus de maître, ne seront plus torturées et n’ont plus à obéir. Mais Prendick parvient à en convaincre quelques-unes de son autorité, notamment un homme-chien qui lui reste fidèle et inconditionnel. Toutefois, toutes les bêtes retrouvent progressivement leur instinct animal et bafouent délibérément les lois. À mesure que les bêtes perdent leur humanité, le physique comme le langage, Prendick perd toute domination sur eux et devient seul. Il parvient à tuer l’homme-hyène, puis tente de construire un radeau pour quitter l’île, mais la tentative échoue. Toutefois, il voit un jour une petite embarcation s’approcher et poussée par les courants ; elle s’échoue sur la plage. À son bord, deux marins morts, probablement certains membres de l’équipage du bateau qui l’a mené ici. Il part alors en mer et réussit à retourner en Angleterre. Mais, la vie en société lui parait étrange et il croit voir en chaque humain qu’il croise une parcelle d’inhumanité ; il ne peut ainsi plus vivre en paix. Il se retire à la campagne, et de consacre à la chimie ainsi qu’à l’astronomie.

Commentaires

Le roman propose les thèmes du danger du progrès de la science, de la biologie, du respect de l’autorité et des lois, mais aussi de la religion, quand ces lois permettent de déifier celui qui les édicte. Il aborde la théorie de l’évolution, permet de laisser réfléchir à la nature humaine, à tout ce qui fait la différence entre l’homme et l’animal, et l’impression que l’animal reviendra toujours à sa condition animale laisse supposer l’humain dans sa supériorité. Il évoque aussi les thèmes chez l’homme de la violence, la souffrance, de l’inhumanité. À notre époque, il évoque le thème de la condition animale.