Dans l’abîme du temps10 minutes de lecture

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Dans l’abîme du temps :

Nathaniel Wingate Peaslee, professeur d’économie politique à l’université de Miskatonic subit une amnésie passagère entre le 14 mai 1908 et le 27 septembre 1913, et écrit une lettre à son fils a posteriori, dans laquelle il raconte son expérience. De plus, sa personnalité semble s’être altérée au profit d’une autre, et se découvre des talents qu’il n’avait pas jusque là, comme la maitrise de nouveaux langages, une capacité à convaincre au-delà du naturel ou la connaissance d’un passé et du futur que personne jusque-là n’aurait témoigner. Il tente de cacher son état auprès des scientifiques et fait de nombreux voyages, mais sa femme demande le divorce devant sa mutation. Du jour au lendemain, il recouvre toutes ses capacités, après qu’un étrange appareil électronique ne disparaisse suite à la venue d’un étrange inconnu chez lui.

Par la suite, Peaslee fait régulièrement des cauchemars dans lesquels il est dans des villes anciennes aux constructions étranges et monumentales, où la végétation est luxuriante et atypique. Il s’aperçoit qu’il n’est pas le seul à faire ces rêves, puisque d’autres personnes, n’ayant pas été sujettes à des amnésies ont reporté ce genre d’informations. Ses rêves comme ceux des autres relatent l’existence de de créatures intelligentes appelées Grand-Race, originaires de la planète Yith, qui ont la capacité de voyager dans l’espace mais aussi dans le temps. ils ont pour but au départ la connaissance, mais se déplacent finalement pour se subsister et contrecarrer la fin de leur existence, quand leur enveloppe corporelle a atteint leur limite de vie. Un Grand-Race, être conique muni de quatre bras, de tentacules et d’une tête à trois yeux transfère donc son esprit dans tout autre entité, pour une durée plus ou moins longue. Pourtant, Peaslee a du mal à y croire et veut penser que ses hallucinations sont un mélange de mythes, et d’images inconscientes, ou d’écrits et de mots issus de son imagination. À mesure que ses rêves s’intensifient en fréquence et en terreur, il devient l’un des Grand-Races, s’instruit et rencontre des esprits de tous lieux et de toutes époques.

Vingt ans plus tard, en 1934, Peaslee reçoit une lettre de Robert Mckenzie, un Australien ingénieur des mines renommé dans son pays, dans laquelle il déclare avoir trouvé des ruines qui ressemblent à celles décrites dans les rêves de Peaslee parus dans les revues scientifiques. L’année suivante, une expédition est organisée vers l’Australie, composée de Peaslee et plusieurs de ses confrères de la Miskatonic, McKenzie, et le docteur australien Boyle, au total dix-huit savants. Ils découvrent de nombreuses ruines d’une civilisation inconnue ressemblant à celle des créatures oniriques de Peaslee, mais ce dernier découvre dans le sol une pierre basaltique noire ornée exactement identique à celle de ses rêves ; mais lorsqu’il veut la montrer le lendemain au cortège de scientifiques, le sable a tout recouvert, il ne la trouve plus. Le lendemain soir, Peaslee repart se promener dans les ruines et retrouve des pierres familières, puis il trouve une entrée. Déplaçant quelques débris rocheux, il parvient à pénétrer un édifice souterrain, mais il est est apeuré et prend panique lorsqu’il découvrir qu’il connait exactement les lieux, puisqu’il les a déjà vu en rêve lorsqu’il était un être de la Grand-Race. Il quitte précipitamment la salle et poursuit son exploration dans le dédale de couloirs qui le mène notamment vers les archives qu’il connait bien. Il peut lire certains livres bien conservé, mais plus loin, il constate que la poussière partout ailleurs uniformément déposée depuis des siècles sans visite ne l’est pas partout. Il constate avec stupeur des empruntes de pas de petite taille. Il trouve un peu plus loin un étui avec un livre qu’il emporte. Il rebrousse chemin et se dirige vers la sortie mais la peur et le stress se font plus pressants à mesure qu’il approche de la sortie, où là, il trébuche et semble tomber dans l’abîme, où il se voit en Grand-Race… Il se retrouve alors couché sur le sable à la surface, ne sachant pas s’il a rêvé tout ca, ou s’il a bien vécu dans ces lieux qu’il avait vu dans ses cauchemars. Pourtant, le livre a disparu, mais il se rappelle que quand il l’a ouvert juste avant de regagner la sortie, il a vu des annotations inscrites de sa propre main. Paniqué, il retourne au campement et tente de faire arrêter les recherches, mais les autres scientifiques refusent. Il part avec son fils pour le sud de l’Australie aussitôt, pour prendre un bateau et quitter le pays.


La Maison de la sorcière :

Walter Gilson, étudiant en mathématiques et folklore à l’université de Miskatonic, habite dans l’ancienne chambre de la sorcière Keziah Mason, mystérieusement échappée de sa prison de Salem en 1692. Celle-ci aurait trouvé des formules mathématiques permettant de traverser matière et dimension. Gilson découvre que dans cette chambre même formée de murs à la géométrie atypique et étrange où il vit, de nombreuses personnes sont mortes depuis deux siècles.

Gilson fait d’étranges rêves dans lesquels il voit Brown Jenkin, un rat poilu avec une tête et des mains humaines, qui suçant le sang de ses proies tel un vampire, leur permet de changer de dimension. Il se demande si c’est à cause des fortes fièvres qu’il connait depuis, ou c’est finalement réel (des trous de rats qu’il rebouche régulièrement dans les murs sont régulièrement rouverts). Par la suite, il voit à côté de Brown Jenkin une forme noire qui s’apparente à une vieille femme, vraisemblablement Keziah Mason. Frank Elwood, le voisin étudiant et ami de Gilson découvre que ce dernier fait du somnambulisme, et à mesure que le temps passe, il voit de plus en plus clairement la vieille femme qui s’avère être la sorcière, qui veut l’emmener voir l’Homme Noir, incarnation de Nyarlathotep, afin qu’ils se présentent tous devant le trône d’Azathoth, au cœur de l’ultime chaos. Un autre voisin témoigne voir de la lumière violette étrange alors que Gilman est censé ne pas être là, puisqu’il fait du somnambulisme. Ces rêves deviennent de plus en plus réels, puisqu’il ramène de l’un d’entre eux une preuve matérielle de son expérience, puisqu’il se retrouve au réveil avec une sorte de statuette qu’il se rappelle avoir détaché d’une balustrade en rêve. Les rêves suivant le projettent dans une autre dimension devant cet homme en noir, alors que le démon familier Jenkin le mort et suce son sang. Il décide de se faire aider par ses voisins et pendant quelques nuits, il dort chez Elwood, ce qui a pour effet de stopper les rêves, mais les bruits des rats dans les murs continuent, malgré le mort-aux-rats déposé partout et le rebouchage des trous. Lors d’une nuit qui suit, Gilson s’endort et se retrouve emporté par Jenkin, et étranglé par l’Homme Noir, puis il se réveille avec stupéfaction couvert de boue dans sa propre chambre. Le lendemain, il apprend dans la presse, qu’un bébé a été enlevé, par un homme noir en robe, une vieille femme et d’un jeune homme en pyjama, accompagné d’un rats domestiqué. Le lendemain, nuit de Walpurgis, Gilson assiste dans son rêve au sacrifice du bébé disparu ; il s’interpose et frappe la sorcière et l’étrangle avec une chaine d’un crucifix, alors qu’elle tentait de poignarder l’enfant, mais Jenkin le tue en lui prenant tout son sang, puis s’enfuit. Gilson se réveille avec les tympans percés, sourd à cause de bruits stridents. La nuit suivante, des bruits de rats reviennent, les voisins trouvent Gilson mort dans son lit plein de sang, le cœur arraché, alors qu’un rat, Brown Jenkin, s’enfuit.

Consécutivement, l’immeuble est déserté, tombe ruine, puis des années plus tard est démoli. La police y retrouve le squelette d’une vieille femme, Mason, d’un rat à la morphologie étrange, Jenkin, et de très nombreux ossements, notamment d’enfants, mais aussi un couteau, la statuette étrange couverte de pointes et un crucifix.


L’Appel de Cthulhu :

Dans les effets qu’il vient d’hériter de son oncle récemment décédé, George Angell, l’anthropologue Francis Thurston trouve un manuscrit appelé « Culte de Cthulu », des articles de presse, et une statuette ornée de hiéroglyphes indéchiffrables, ressemblant à un monstre anthropomorphe possédant des ailes, avec une tête recouverte de tentacules. Suite à la lecture du manuscrit, Thurston apprend que son oncle a obtenu la statuette d’un artiste de Rode Island nommé Henry Wilcox, qui l’a réalisée d’après un rêve étrange qu’il a fait durant une nuit de mars 1925. Tout ceci semble relever d’un ancien culte mystérieux. Pendant un mois, les cauchemars se répètent révélant d’autres éléments, des sons comme « Cthulhu », « Fhtagn » ou « R’lyeh ». Wilcox finit par avoir des délires et relate l’existence d’un monstre géant, il part en repos chez ses parents puis guérit dix jours plus tard. L’oncle de Thurston fait alors quelques recherches, qui lui permettent d’apprendre que durant cette période de nombreux événements étranges se sont déroulés à travers le monde entier : des tremblements de terre, des rêves étranges, des vagues de suicides, des agitations en Afrique ou une révolte à New York.

Le professeur Angell relate également dans son manuscrit des faits antérieurs qui semblent en relation avec ces récents évènements. L’inspecteur John Legrasse obtient une statuette identique à celle de Wilcox, lorsqu’il arrête les membres d’une secte vaudou se livrant à des sacrifices humains, vénérant le culte des « Grands Anciens », des dieux arrivés du ciel et enfouis sous les eaux depuis des millions d’années. Le Grand Prêtre Cthulhu, qui doit permettre le retour de ces dieux maléfiques attend sa libération depuis sa cité sous-marine appelée R’lyeh et communique par le biais des rêves des humains. Ce culte semble se répandre sur toute la planète, en témoigne le vieux livre appelé Necronomicon du poète arabe fou Abdul Alhazred. Thurston décide de mener l’enquête sur tout ceci, retrouve Wilcox et conclue que son oncle a été assassiné par un des adeptes de ce culte.

Un an après les rêves de Wilcox, Thurston découvre un étrange récit datant d’une année auparavant, au moment de la fin des premiers évènements étranges en mars 1925. Un marin relate dans ses mémoires que son bateau naviguant dans l’océan Pacifique sud est attaqué par un autre bateau, mais l’équipage réussit à s’emparer du navire assaillant et à continuer naviguer espérant arriver jusqu’à la côte. Ce périple conduit les survivants à découvrir et accoster une île étrange non-répertoriée, R’lyeh. Malencontreusement, ils libèrent le monstre Cthulhu. Le dernier marin survivant, dont ce récit est tiré est tué par les membres de la secte. Finalement, Thurston en déduit que tout ces récits et faits sont vrais, qu’après son oncle puis le marin, il sera la nouvelle cible des adeptes du culte de Chtulu.


Les Montagnes hallucinées :

William Dyer, professeur à l’Université Miskatonic d’Arkham, fait le récit de son voyage dans l’Antarctique, et relate la mort de ses collègues et sa découverte d’une montagne haute et d’une ville ancienne, dans l’espoir d’empêcher une expédition scientifique de retourner sur les lieux de son aventure, afin qu’elle ne subisse pas le même sort que le sien.

En 1931, l’expédition Miskatonic financée par l’université part en bateau au pole sud, à l’origine pour trouver des échantillons de roches. Elle est composée des professeurs Pabodie, de Lake, tous deux du département de biologie, d’Atwood pour la physique et de Dyer, géologue, ainsi qu’une équipe de seize personnes, neufs mécaniciens et sept étudiants. Ils se rendent dans le cercle polaire, où ils trouvent une roche inconnue et étrange, puis, décident de créer un campement plus loin pour chercher des échantillons comparatifs.

Une partie du groupe menée par Lake y découvre le même type de roche, mais tombe également sur une chaine de montagne plus haute que l’Himalaya. Au-delà de leur gigantisme inégalé, ces montagnes présentent des particularités inattendues, des formes géométriques les composent : des triangles à la base, des sommets en forme de cubes, et des entrées de grottes carrées ou semi-circulaires. Au pied des montagnes ou l’un des avions s’est posé en panne, ils décident de forer le sol et découvrent des monstres préhistoriques, étranges, en formes de barriques, dotés d’une tête en forme d’étoile de mer, d’ailes et de nombreuses tentacules. Ils remontent ces quatorze créatures mi-animales mi-végétales, dont huit sont bien préservées, des formes de vie remontant à environ 500 millions d’années, qu’ils appellent Anciens en raison de leur ressemblance avec les créatures du Necronomicon ayant amenés la vie sur Terre, les Grands Anciens cités par l’arabe dément dans le Nécronomicon. Mais la base principale perd le contact avec Lake, qui a commencé une autopsie malgré la tempête. Les chiens de traineau sont très excités et même agressifs, à cause de l’odeur forte et nauséabonde des créatures. Dyer décide de partir à leur recherche, mais lorsqu’ils arrivent, ils trouvent le camp et son matériel détruits, et tous les hommes morts, lacérés et mutilés, sauf un qui a disparu. Ils trouvent également des monticules de neige en forme d’étoiles, contenant six créatures ensevelies à la verticale, les mieux conservées ayant disparues.

Voilà ce que Dyer rapporte comme faits et détails d’un récit prudent, afin de ne pas provoquer stupeur effroi ou panique, prodigué aux équipes 16 heures après leur découverte macabre et leur départ du camp, avant de retourner vers l’université Miskatonic. Il relatent par la suite tous leurs agissements et découvertes dans un rapport écrit agrémenté de photos ou de notes.

Tous les membres sont en réalité retrouvés démembrés et méthodiquement découpés sauf un, Gedney, et un chien qui ont disparu. Ils le pensent ainsi au départ responsable de cette barbarie, poussé par un accès de démence. Les hommes semblent avoir subit une sorte d’autopsie et de dissection minutieuse, et si une partie de la base et de son matériel a été détruit, certains éléments ont disparu, matériel ou traineau. Dyer et Danforth, un étudiant, repartent, mais décident auparavant d’explorer les montagnes, et en les survolant, trouvent une ville désertique en ruine au plan et aux formes géométriques étranges. Ils décident de l’explorer les lieux, et tout au long d’un périple surprenant, pénètrent de nombreuses salles, prennent de nombreux couloirs et empruntent divers souterrains. Ils découvrent des gravures murales et des hiéroglyphes au moyen desquels ils apprennent les origines et l’histoire des Anciens. Arrivés sur Terre depuis l’espace lors de la formation de la Lune, les Anciens ont construit leurs cités avec l’aide des Shoggoths qu’ils ont eux-même créé, des entités biologiques capables d’accomplir n’importe quelle tâche, prendre n’importe quelle forme et adopter n’importe quelle pensée. Ils les ont créés pour les aider, et toutes les formes de vie sur Terre découle de ce matériel génétique. Ils constatent par la suite au travers des écrits muraux la mort des Anciens, progressivement affaiblis par leurs créations, ceux-ci se sont rebellés contre eux et ont été dominés, également par les combats contre les rejetons de Cthulu et des Mi-go, des créatures mi-champignon mi-crustacé, arrivés après l’apparition des Anciens. Un mal inconnu est également apparu lorsqu’une chaine montagneuse encore plus grande a surgi de la Terre en une nuit, où des phénomènes étranges se sont produits, empêchant les anciens d’y aller. l’Antarctique étant devenu inhabitable, ils sont donc partis vivre dans un grand océan souterrain.

Mais Dyer et Danforth comprennent que les Anciens qui manquent sont revenus à la vie, et sont retourné dans la ville après avoir mis fin à la vie des hommes de l’expédition pour se défendre ou par curiosité scientifique. Ils rebroussent chemin, puis découvrent les cadavres de Gedney et du chien disparus, du matériel provenant du camp de Lake, ainsi que des traces récentes des Anciens. Dyer et Danforth constatent de nouvelles inscriptions murales relatant de nouveaux combats mortels entre eux et des monstres ressemblant à des pingouins géants aveugles. Durant leur retraite, ils sentent à certains endroits l’odeur insupportable laissant présager de la présence ou du passage des Anciens, qu’il appelle les Autres. Ils croisent de nombreux manchots aveugles, descendant de ceux qui ont lutté à mort contre les Anciens. Mais ils doivent s’enfuir, pourchassé par une forme, un monstre qu’ils croient être un Shoggoth, et qui fait les bruits « tekeli-li, tekeli-li ». En repartant, Danforth perd la raison lorsqu’il voit depuis l’avion quelques chose qu’il ne veut expliquer, le mal absolu probablement celui dont les Anciens ont eu peur et n’ont pas osé aller voir. Depuis, il alterne les phases de délires et de calme. Puis ils rentrent en Amérique. Dyer conclue que les Shoggoths ont tués les anciens, et demande à ce qu’aucune expédition ne soit organisée vers les montagnes hallucinées.

Commentaires

C’est un recueil incontournable de Lovecraft, uniquement composé de textes issus du cycle du mythe de Cthulhu, dont la nouvelle fondatrice L’Appel de Cthulhu, ou d’autres parmi les plus célèbres ou les meilleures comme Dans l’abîme du temps et Les Montagnes hallucinées. Dans l’abîme du temps prend la forme d’une lettre du narrateur envoyée à son fils, dans lequel il relate des histoires naviguant entre rêves et monstruosités. La Maison de la sorcière est une longue nouvelle oscillant entre fantastique et horreur. L’Appel de Cthulhu est l’œuvre fondatrice du Mythe de Cthulhu, un univers repris par de nombreux auteurs… Il me semble que l’on assiste à la narration d’un compte-rendu d’un scientifique qui analyse et vérifie celui d’un autre scientifique, qui finalement tend à prouver l’irréfutable réalité de l’existence d’éléments scientifiquement compliqués à prouver, d’êtres surnaturels, de monstres, de pratiques et de lieux occultes. Ambiance géniale… Les Montagnes hallucinées est une très longue nouvelle, incontournable du Mythe de Cthulhu.


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