Les Cinq Cents Millions de la Bégum6 minutes de lecture
Le docteur François Sarrasin, après la présentation à ses pairs d’un mémoire dans sa discipline (la médecine, précisément le sang) lors d’un congrès d’hygiène, est approché à son hôtel à Brighton par le solicitor M. Sharp, qui lui dévoile qu’il est l’héritier d’une bégum hindoue, qui lui lègue cinq cents millions de francs. Son oncle Jean-Jacques Langévol, frère de sa mère, parti en Indes s’étant marié avec la riche bégum Gokool de Raggininahra, veuve du rajah Luckmissur, de la région d’Agra, n’eut qu’un fils imbécile, dont la richesse fut administrée après la mort de sa mère par des tuteurs, jusqu’à sa propre mort cinq ans plus tôt. Sharp vient donc retrouver le seul héritier des 500 millions placés dans la Banque d’Angleterre à Londres soit 21 millions Sterlings, et d’un titre de baronnet d’Angleterre et d’Irlande. Sarrasin s’empresse de prévenir son fils étudiant Octave de cette bonne fortune, qui est surpris et joyeux, comme le battant Marcel Bruckmann, son ami d’enfance et inséparable double qu’il a connu au collège présent lorsque Octabe reçoit et lit la lettre de son père, mais également comme sa mère et sa sœur Jeanne lorsqu’il leur apprend la nouvelle. Quand le docteur se représente devant le Congrès, les journaux ont dévoilé la nouvelle, mais Sarrasin estime qu’il ne peut pas garder ce trésor, cette somme d’argent faramineuse pour lui tout seul, et considère qu’il doit l’offrir la science. Il décide d’en faire un don pour l’humanité, à son idée, constatant que les gens vivent malheureux dans des villes sales et insalubres, manquant d’air et de lumière, en créant une ville modèle. Il dévoile ainsi à l’Assemblée son objectif de fonder de toutes pièces une cité idéale, offrant bonheur et bien-être à ses habitants choisis parmi les plus nécessiteux, qu’il décide d’appeler France-ville. Dès lors, la nouvelle se propage en Europe notamment en Allemagne où le professeur Schultze, chimiste de la ville de Iéna, lit dans la presse un article relatant cette histoire extraordinaire. Il est cependant intrigué par les noms de famille évoqué, notamment celui de Langévol, que l’un des portraits d’une de ses ancêtres arbore, « Thérèse Schulze née Langévol ». Agité par une haine et vieille rencure franco-allemande, personne est de la supériorité de la race germanique il se rend aussitôt à Londres au cabinet de Sharp, où il prouve son affiliation avec la famille Langévol, fils de la sœur de Jean-Jacques Langévol marié à Martin Schulze. Sarrasin pense d’abord au procès qui pourrait s’étaler sur plusieurs décennies, et lui permettre de garder cette fortune, mais il finit par accepter une transaction par tangent les 500 millions de francs en deux. Quand Schulze apprend le projet de France-ville de Sarrasin, il le prévient qu’une ville bien plus idéale et modèle verra le jour pour la supplanter, d’inspiration et de conception allemande.
Cinq ans plus tard, ce projet si a vu le jour dans l’Oregon, Stahlstadt, la Ville d’Acier, ville-usine fonderie de fer, et de fabrication de toutes sortes de canons pour tout usages et applications. Trente mille travailleurs pour la plupart Allemands, conçoivent les meilleurs canons du monde avec le meilleur acier, grâce au minerai de fer et la houille extrait sur le site même. Marcel s’y fait embaucher sous l’identité d’un jeune Suisse germanophone appelé Johann Schwartz, en réalité pour enquêter sur leurs activités. Il intègre très rapidement deux services, où il constate la qualité et la rigueur du travail allemand donnant naissance aux meilleurs produits finits dans le domaine. Il emménage cette dame Bauer, d’origine suisse, et son fils Carl âgé de 13 ans qui travaille dans la houillère et s’occupe de l’écurie. Durant deux mois, il lui donne des cours et lui enseigne par exemple les mathématiques, mais ce dernier meurt à la mine, tandis que Marcel progresse et devient ouvrier de première classe. Après son travail d’une immense qualité en tant que paddler puis celui de fondeur, il se fait remarquer par ses qualités lors des recherches de Carl, et il est convié auprès des responsables pour passer des tests afin d’intégrer la division des Modèles en tant que dessinateur. Il réussit cette épreuve qui lui permet enfin d’accéder au cœur de la cité, alors que le découragement commence à se faire sentir chez lui. Cela lui permet finalement d’entrer dans le centre névralgique de la ville, protégé et fermé comme un bunker donc personne ne peut rentrer ou sortir sans autorisation spéciale. La, il n’est cependant pas au cœur même de la cité, et travaille pendant quatre mois à concevoir différentes machines à vapeur. Il parvient tout de même à apprendre que le Bloc central, le secteur central ultra-secret est composé de la Tour du Taureau, ultra-protégée, militarisée, inviolable, comportant un espace de travail mais aussi la demeure de Schultze, lequel travaillerait sur la conception d’une arme démoniaque permettant à l’Allemagne de dominer la terre entière. Au bout de quatre mois de travail où il est rapidement observé comme le meilleur dessinateur ayant officié là, il est convié personnellement auprès de Schultze qui vient de perdre son dessinateur en manipulant de la dynamite. Marcel est enfin introduit dans le centre névralgique de la ville où il constate la présence d’une sorte de forêt luxuriante en faune et en flore, puis il est amené devant Schulze qui lui demande de travailler auprès de lui, à la confection balistique d’un canon. Les deux hommes passent les semaines suivantes ensemble à se côtoyer, se connaître et discuter et devenir de plus en plus intime. Un an après son arrivée, Schulze dévoile enfin son projet à Marcel, qui a pour objet de permettre l’hégémonie de l’Allemagne, grâce à la création de canons démesurés permettant de tirer des obus en fer léger, mais contenant du gaz carbonique qui a pour effet de glacer tout ce qui se trouve à plusieurs centaines de mètres à la ronde et de tuer toutes les personnes présentes par asphyxie. En plus de ce canon à la portée et à la puissance inégalée permettant d’envoyer des projectiles à plus de 10 lieues placé en haut de la tour, il dévoile d’autres obus en fonte contenant également des engins incendiaires permettant de tout ravager, et son projet de produire cent batteries de dix de ces canons. Il lui dévoile finalement son plan test de détruire à dix lieues de là la la ville de France-ville, dont il déteste le fondateur et les milliers d’habitants se laissant aller pour lui à un rêve inaccessible et une méthode inconcevable. En ce 8 septembre, il fait alors arrêter Marcel et le promet à une mort rapide et certaine mais douce, puisqu’il lui a dévoilé son secret, alors que le test est prévu le 13 septembre au soir. Cependant, la veille du test, Schulze n’exécute pas de suite la sentence, laissant le temps à Marcel de se défaire de ces deux gardes Arminius et Sigimer, en les endormant grâce à des feuilles de belladone au pouvoir narcoleptique. Il pénètre dans le musée des modèles et met le feu aux reproductions miniatures des productions de Schultze. Il réussit à s’échapper par un ruisseau qui passe là dans les canaux souterrains, tandis que Schulze et les Allemands pense qu’il est mort dans l’incendie.
Par ailleurs, après deux années d’une vie dissolue à Paris, dépensant lentement et progressivement l’argent de l’héritage, Octave finit par rejoindre son père, sa mère et sa sœur à France-ville dans l’Oregon, juste à côté de la ville fondée par Schultze. Cette ville moderne, bâtie sur des normes strictes d’hygiène, de propreté, de santé, d’ordre, mais aussi d’éducation, aussi bien collectives qu’individuelles se développe progressivement et compte près de cent mille habitants, offrant à ces derniers une prospérité aussi bien matérielle scène intellectuelle foisonnante. Cependant, à l’instar des bruits entendus à Stahlstadt par Marcel, le New York Herald relate début septembre l’imminence d’une attaque de Scultze contre France-ville, ce qui a pour effet d’inquiéter Sarrasin et les dirigeants de la ville. Ceux-ci commencent à préparer la défense de la cité, malgré leur méconnaissance du danger réel. Soudainement, Marcel apparait le 13 septembre à France-ville et alerte du danger imminent de bombes incendiaires allant s’écraser sur la cité dans moins d’une heure. Toutefois, il refait les calculs des capacités de cette arme, et s’aperçoit que la vitesse de l’obus, et sa trajectoire vont amener le projectile à passer en orbite basse de la planète et être satellisé dans l’atmosphère basse de la Terre sans retomber au sol, annihilant finalement les objectifs meurtriers de Schultze. Persuadé que ce dernier ne va pas en rester là, la ville se prépare et met en place tout un système de défense afin de prévenir une invasion terrestre ou maritime, en faisant de grands stocks de minerai de fer ou de houilles, à des fins de production militaire et énergétique ainsi qu’une très grande quantité de nourriture en tout genre dans l’optique de faire face à un siège.
Pourtant, la France-ville ne connaît aucune attaque, le 13 octobre soit un mois plus tard, la bourse de San Francisco constate la faillite de Stahlsadt, Schulze aurait disparu depuis près d’un mois, ne laissant que des ordres de paiement seulement jusqu’au début octobre. La chute financière de la ville entraîne avec elle celle de plusieurs banques, mais aussi le départ de ses milliers d’habitants et travailleurs, qui recommencent leur vie ailleurs. C’est seulement à cette période que France-ville prend conscience de la disparition du danger qui pesait sur elle. Par la suite, les dirigeants décident d’aller voir d’eux-mêmes se qu’il se passent dans leur ville rivale, Marcel et Octave se rendent dans la ville qu’ils trouvent désertée mais toujours fermée, rentrent par effraction en détruisant portes, murs ou enceintes et finissent par atteindre le cœur de la cité, où la dernière porte s’ouvre à leur arrivée laissant apparaître Arminius et Sigimer. Un combat armé met fin à la vie du premier tandis que le duo parvient à ligoter le second. Ils pénètrent la Tour du Taureau et finissent par trouver le laboratoire secret de Schulze. Par une ouverture, ils parviennent à voir ce dernier figé, mort congelé un mois plus tôt par ses propres projectiles à gaz carbonique liquide produisant une température de 100 degrés en dessous de zéro s’étant probablement déclenché par inadvertance, et trouve une lettre non-terminée ordonnant la destruction totale de France-ville. De retour auprès de Sarrasin, la nouvelle de la mort de Schultze libère enfin la ville. Marcel propose d’en relancer lui-même le fonctionnement et de diriger Stahlstadt, ce que Sarrasin accepte. Ce dernier offre la main de sa fille Jeanne à Marcel qui n’attend que ça, les deux se marient et ont un enfant, alors que Octave se met au service de son beau-frère et travaille vaillamment dans cette ville usine au service de France-ville.
Commentaires
C’est un roman de science-fiction et d’anticipation, mettant en scène la rivalité franco-allemande.
- Les Cinq Cents Millions de la Bégum
- Jules Verne
- 1879
- Le Livre de Poche (2011)
- 9782253012702