Limbo5 minutes de lecture
En Afrique du sud, après la troisième guerre mondiale, le docteur neurochirurgien Martine d’origine américaine, vit depuis 18 ans sur une petite île de l’océan indien, où il soigne par lobotomie les habitants locaux de la violence. Les autochtones appelés Mandunji, qui connaissent des « démons dans leur tête » ou la violence reçoivent donc depuis des générations le Mandunga, et font d’eux des Mandungabas. Un jour, des Hinterlandais (de l’Hinterland, des américains seule partie du continent ayant survécu à la guerre), dotés de jambes et de bras transparents pénètrent l’île ; ils utilisent des bras et des jambes mécaniques ou en plastique interchangeables, dotés d’outils pour couper, brûler ou détruire la végétation et se frayer un chemin dans la jungle épaisse. Au village, alors que Martine se cache, leur chef Théo se présente au chef Ubu et leur explique leur venue pacifique pour quelques mois, pour étudier la faune et la flore en établissant une base dans le sud de l’île, et que leurs membres coupés sont du à l’Immob, la seul solution pour éviter de propager la guerre sur leurs terres. Les raccours (raccourcis) peuvent avoir plusieurs membres amputés, devenant, uni-bi-tri ou quadri-raccours, plus de membres étant amputés, plus la personne étant importante et respectée ; Il peut utiliser alors des « pros », des prothétiques (des prothèses de membres) mécaniques, ustensiles, outils ou armes. Ces envahisseurs à l’apparence pacifiques semblent forer et recueillir des échantillons de roche. Martine décide de quitter son île où il mène ses expérimentations sur ce peuple qui opère déjà ces pratiques depuis les anciens temps, afin d’éviter les répercutions de sa présence d’occidental sur eux ; Laissant sa femme Ouda et son fils Remmbo, il part pour le Madagascar puis le Mozambique où il peut rejoindre l’Afrique du sud et quitter ces pays dévastés par la guerre, et embarquer sur un navire en direction de l’Hinterland. À bord, il se fait passer pour un parasitologue rentrant au pays après de nombreuses années d’étude à l’étranger, et se renseigne sur cette nouvelle société. Depuis la fin de la guerre nucléaire en 1972, l’Immob est pratiquée sur les plus jeunes, en Hinterland, mais aussi chez la force qui s’oppose, l’Union Orientale, composée de ce qui subsiste de la Russie, de l’Asie, de l’Europe et du Moyen-Orient. À bord, il retrouve Théo de qui il se tient à distance, mais une large cicatrice traversant tout son crâne lui rafraichit sa mémoire endormie. Il reconnait alors son patient, qu’il a opéré, le premier jour de l’Immob, dernier jour de sa vie en tant que médecin pour l’Armée américaine. Le jeune tueur implacable ayant détruit plusieurs capitales mondiales comme Paris, est touché à la tête et Martine l’opère au cerveau pour tenter de le sauver, lui BabyFace, qui pourtant était un pacifiste avant la guerre. Mené par des interrogations dont il n ‘a pas les réponses et s’opposant aux ordres édictés par l’ordinateur EMSIAC, Martine avait alors fuit sa base africaine vers le sud laissant son confrère Helder seul, et disparu pendant 18 années.
Martine se rend à Miami également dévasté comme de nombreuses villes modernes et se rend dans la nouvelle capitale Jamestown, et découvre avec intérêt tous les détails sur l’Immob et les raccours. Il découvre les minorités noires ou les femmes n’ayant pas droit à l’Immob, la fascination de ceux-ci pour les amputés, et les différences socioculturelles. Il apprend également la création de sports mettant à l’épreuve la maitrise psychique des prothèses par les infirmes demandant des capacités accrues, qui sont régulièrement confrontés entre-eux dans des jeux olympiques aux épreuves permettant de tester cet art Dans la capitale, Martine retrouve Jerry, un homme de bord qu’il a rencontré sur le bateau, qui lui décrit l’état d’esprit et les motivations à subir l’Immob, ainsi que Théo, le BabyFace, dont il comprend que son voyage n’était qu’un prétexte pour chercher de nouveaux filons métallifères de Columbium, le minerai spécial résistant à la chaleur extrême, nécessaire pour construire les pro, et véritable motivation de l’expédition. Il apprend l’existence de deux partis politiques, les pro pros et les anti pros, de d’une sorte de bible de l’Immob, construites sur ses propres notes écrites juste après l’opération de Théo, qui sur les conseils et en concertation avec Helder, a détruit EMSIAC, permettant progressivement au P.P.P. (mouvement pacifiste) de prendre le dessus et muter en Immob. En Union orientale, Vishinu détruit également le EMSIAC local et devient une figure de proue de ce mouvement. Immob en reprend en partie certains propos, en l’occurrence, l’amputation permettant d’éviter la violence et de subir le rouleau compresseur, et le pacifisme qui en découlerait dans une société idéale appelée Limbo, idées proposées par lui-même ; dans ce récit, Frère Helder, Frère Martine, et Frère Théo sont présenté comme des icônes de cette nouvelle pratique. Martine est laissé pour mort et sanctifié depuis sa fuite juste après l’opération de Théo. Dès son arrivée Frère Vishinu, agent de l’Union orientale s’oppose à Helder et l’accuse de cacher des filon de columbium et de ne pas respecter la fraternité de Immob. Martine depuis son arrivée sous l’identité du docteur Lazarus, rencontre régulièrement une femme qu’il finit par aborder et obtenir facilement des relations sexuelles. Nine qui le questionne, s’avère être complice avec Frère Vishinu,, mais lorsqu’ils le menace, ils ne parviennent pas à lui faire avouer qu’il est le docteur Martine. Il parvient à s’enfuir et quitte la capitale en voiture, puis arrive à Salt Lake City, qui à sa grande stupéfaction a été renommée Martinesburg. Il retrouve sa maison familiale, et en s’approchant, voit sa femme et sa mère qu’il a laissé en disparaissant, ainsi que son fils Tom, raccours président du comité anti-pro. Ceux-ci ne les reconnaissent pas, il part puis reste à proximité pendant plusieurs semaines, jusqu’aux jeux olympiques (ou la maitrise des pros est mis en compétition). Lors de la compétition, Vishinu et des centaines d’Unionistes sortent des armes et tuent de nombreux dignitaires Hinterlandais, mais Théo et Helder s’en sortent. Martine décide de se faire connaitre de Helder et lui envoie une lettre, Théo vient le chercher. Une longue confrontation permet à Martine de dévoiler que Helder ne respecte pas Immob, qu’il n’est pas fraternel avec l’Union oriental, cache des armes et veut s’approprier les filons métallifères, ce qui choque profondément Théo qui est Immob et sincère. Martine refuse de les rejoindre et les laissent. Sur le retour, il rencontre un homme noir, oppsé au régime, et anti et aux pro pros, qui pensent que Helder a mal interpréter Martine. Martine est surpris et ressent une sorte de déclic qui le pousse à choisir de retourner dès le lendemain auprès de sa femme Ouda et son fils Remmbo chez les Mandunji, plutôt que de lutter contre la folie de Helder et gommer les horreurs qu’il a lui-même contribué à créer. mais avant son départ, Théo se présente à lui, après avoir tué Helder en le poussant dans du plastic en fusion. Ils partent tous les deux pour une propriété appartenant à Helder pour prendre un avion vers l’île Mandunji. Pendant ce temps, sur l’île, Remmbo et les jeunes ont trouvé les armes cachées par les Hinterlandais ; en lisant les écrit de son père, Remmbo comprend que ni les machines (les pros) ni les lobotomies ne permettent de supprimer la violence sans détruire l’humain, et pense qu’il faut accepter une part de violence inhérente. Sous la menace physique, ils parviennent à imposer l’arrêt du Mandunga sur l’île. Ubu, le chef voit arriver un avion, comme 19 ans auparavant quand Martine est arrivé.
Commentaires
C’est un roman de science-fiction dystopique très facile à lire, qui propose de nombreux thèmes, dont la violence, la guerre, l’arme atomique, la guerre froide, les minorités et le racisme (noir et les femmes, roman écrit en 1952 aux USA)… Si c’est sans aucun doute un grand roman, on est tout de même pas au niveau de 1984, Nous, Le Meilleur des mondes, Fahrenheit 451, ou Kallokaine, ni même Un Bonheur insoutenable, quand même si l’aspect dystopique est omniprésent, la tenaille implacable de la société sur ses individus n’est pas écrasante, tout comme le twist de l’intrigue selon lequel cette société s’est fondée sur les notes du docteur est un peu fort de café…
- Limbo
- Bernard Wolfe
- 1952
- Le Livre de Poche (2001)
- Traduction par Alex Grall
- 9782253072300