Lord Ruthwen ou les Vampires9 minutes de lecture
Première partie
À Venise sur le bord de mer, Bettina croit entendre un poème d’amour de celui qu’elle aime, Léonti. Mais lorsqu’elle l’appelle, le son de la voix s’arrête et disparait. Son père Torelli est contre cette romance (il a promis la main de sa fille au jeune Tomaso du village voisin), alors que Vérina sa mère protège sa fille. Léonti est rentré de la guerre depuis quelques jours et projette d’inviter sa Bettina pour un rendez-vous secret à la proche fête des gondoliers. Lors de cette fête, la voyante Tyrolienne appelée Elmoda prédit la mort de Bettina provoquée par un vampire et provoque une panique. Un étranger bizarre paye la tyrolienne pour qu’elle s’en aille et Léonti arrive auprès de Bettina pour la réconforter. L’étranger raccompagne Torelli chez lui pour lui prodiguer des conseils, et gagne sa confiance comme celle de sa fille et sa mère, malgré la méfiance de Léonti envers lui.
L’étranger livre alors ses connaissances des vampires charmeurs et tueurs, acquises au cours de nombreux voyages. En voyage par la Pologne, il s’arrête pour la nuit dans un château et trouve une femme sans vie à côté de ses enfants. Elle a écrit une lettre avant de mourir accusant un vampire, celui-ci rentre sur le moment et ôte la vie de l’enfant puis part. Là, l’étranger quitte Bettina après ce récit, la soirée étant avancée. Léonti décide de le suivre, ils embarquent ensemble et discutent, puis l’étranger parvient à convaincre Léonti de s’engager dans l’armée Écossaise pour fuir avec Bettina dès le matin. Dans la nuit le jeune amant prévient Bettina endormie, puis qui la rejoint dans un bois. Elle ne veut pas abandonner sa famille et provoquer un déshonneur, mais l’étranger parvient à convaincre les deux que Torelli est d’accord et fait partir Léonti en premier vers l’embarcation. Entre-temps, celui-ci est dénoncé et arrêté pour avoir trahi son corps d’armée pour celui de l’Écosse De plus, le corps de la voyante est retrouvé sans vie dans l’eau. Là, Bettina revient, blanche et fatiguée, puis s’écroule, sans vie, et accuse l’étranger de lui avoir ôté la vie. Tous partent à sa poursuite. Léonti arrive dans le bois, croit voir un étranger assis, triste, mais ce n’est pas l’homme recherché. Ce dernier convainc Léonti de le suivre en barque, en voyant un inconnu qui semble être l’étranger responsable du malheur de cet homme mais aussi le responsable du meurtre de Bettina.
Deuxième partie
Le mystérieux inconnu est en réalité Aubrey (Le Vampire), venu se ressourcer sur l’adriatique après la mort de sa sœur, et l’autre inconnu qu’ils poursuivent est Lord Ruthwen (Le Vampire). Ils arrivent dans le village de Roveredo, mais les habitants ont peur et ne veulent pas les laisser rentrer, car ils ont été précédé par un vampire deux jours plus tôt. Il apprennent le décès d’un villageois appelé Roberti, qui lors de son enterrement est sorti de son cercueil puis a revit. Ils atteignent Florence et rencontrent Alberti, un banquier de Napolitain qui se joint à eux. Arrivés à Naples, des habitants poursuivent une jeune femme appelée Bettina. Léonti croit avoir reconnu son amour, alors que les habitants expliquent qu’elle était morte et s’est réveillé soudainement. Alberti pense qu’il s’agit de la femme blanche dont il conte l’histoire.
La Femme blanche : Le jeune Napolitain Mancini vit à l’extérieur de la ville dans le château de son père. S’éloignant de ses terres, il rencontre Maria dont il tombe amoureux, et a un enfant. Cependant, son père arrange un mariage avec la fille du duc d’Orlandi avec qui il se marie. Les deux amants ne se voient plus, poussant la mère à venir jusqu’au château, mais elle le trouve vide. Elle revient le lendemain, et chante pour attirer l’attention de son aimé, mais il n’y a personne. Puis Maria meurt, au moment où Mancini arrive. Pris de remords, il décide de venir habiter à nouveau dans le château, avec sa femme et son enfant (de Maria). Mais tous les jours il se passe des choses étranges (on tape à la porte, mais il n’y a personne…).
Ainsi, certains pensent avoir entrevu Maria à l’arrivée des trois amis. Aubrey et Léonti partent pour Rome sans Alberti. Il font la connaissance d’un jeune Arabe appelé Nadour-Héli et logent chez lui. Un jour à Rome, une femme, la duchesse d’A**, tente d’attirer l’attention de Nadour-Héli et lui donne un rendez-vous le soir même. Il avait rencontré cette femme, tombée son son charme à leur première rencontre, mais bien avant qu’il se passe quoi que ce soit, une connaissance de celle-ci, un homme jaloux défi Nadour-Héli et l’attaque ; Il meurt sous les coups de Nadour-Héli. Il a donc peur de ce rendez-vous, et c’est donc Léonti qui s’y rend masqué. Il y rencontre secrètement la duchesse, mais des bruits les dérangent. Léonti croit entendre la voix de Bettina, lorsque s’approche une femme. Celle-ci attire l’attention et Léonti est légèrement blessé avant de fuir.
De retour auprès de ses amis, il est intrigué par cette voix et demande à Aubrey de raconter l’histoire de la Morave défunte revenue hanter son amant, qu’il a précédemment évoquée. Il lui lit le récit qu’il en a fait.
Histoire de la jeune Morave : Elzine est la descente de la famille d’Alberg. Ses frères promettent sa main au gouverneur de Moravie, le prince d’Adalbert. Elle est solitaire et ne veut voir personne, mis à part son amie et confidente, Athalise. Elle est fragile, de plus en plus blanche cependant et surtout tout le temps éprise d’une grande tristesse. Elle partit avec son amie à Olmutz pour l’épouser et vivre à côté de la ville, et accoucha d’un fils nommé Oscar, qui grandit à côté de la fille d’Athalise nommée Thélémy. Ils grandissent et tombent amoureux, Athalise est cependant de plus en plus malade. Mais Elzine demande à Thélémy d’oublier son fils et de renier son amour pour Oscar, lui disant qu’elle s’expliquera plus tard. Mais Oscar revient à ce moment et tente de convaincre sa mère de les unir. Elle lui révèle alors qu’ils sont frère et sœur et les défend de se marier, mais dès cet instant, elle tombe malade, et meurt très rapidement. Oscar retourne chez Athalise, mais le prince a fait détruire sa maison et l’a fait bannir avec Thélémy de la Moravie. Après deux jours d’exil, Athalise tout juste remise succombe à son état, Thélémy perd la raison alors que Oscar la retrouve et la rejoint, puis sont recueillis par le médecin nommé Odolzi. Ce dernier tente de la guérir par le biais de la musique mais elle s’enfuit et disparait. Le prince envoie quelqu’un chercher Oscar, alors que Thélémy passe pour morte. De retour au château, Oscar est contraint par son père d’épouser une femme nommée Amélie, et lors de la cérémonie, les portes s’ouvrent et résonnent le champs et la musique de Thélémy.
Les trois amis voient alors apparaitre Bettina, qui dévoile être celle de Naples puis de Rome ; elle indique que le vampire qui a emprise sur elle est à Modène auprès du duc Albini et s’appelle Lord Seymour. Elle explique son parcours jusque-là, prêtant allégeance à une volonté céleste pour protéger celui qu’elle aimait, et ne pourrait le retrouver que lorsque le vampire la possédant serait retourné dans son tombeau ; puis elle repartit. Le récit de Bettina rappelle les déboires qu’a connus Nadour-Héli, qui se met à raconter son histoire à Aubrey et Léonti.
Histoire de Nadour-Héli et de Cymodore : Nadour-Héli est un soldat du raja de Bénarès et tombe amoureux de sa fille Azolida. Cependant, il doit partir pour traverser différents pays de l’Europe, puis revenir et ramener tout savoirs à la cour. En Grèce, il rencontre Cydomore, dont il tombe éperdument amoureux. Mais lorsqu’il parvient à l’approcher, elle est enlevée par des pirates mercenaires. De retour à Bénarès, le raja ayant pris connaissance de l’amour de sa fille pour lui, la fait marier avec Nadour-Héli. Toutefois, dans le harem, il découvre que Cymodore est l’une des nouvelles esclaves capturées.
Nadour-Héli est interrompu dans son récit par des serviteurs du duc Albini qui le convie à son palais, accompagné de Léonti et Aubrey.
Troisième partie
Le Ministre du duc de Modène : À la mort du duc Alphonse II de Ferrare lui succède son héritier César d’Est, mais le pape Clément II et le Saint-siège ne le reconnaissent pas. Sans armée, il est obligé de mandater pour négocier son amis habile, un anglais, contraint de capituler. Il cède la ville de Ferrare et tous s’installent à Modène, où sa cour s’y développe. Le descendant du négociateur, ministre du duc, lord Seymour raconte régulièrement des histoires étranges pour fasciner les sujets, notamment une histoire vampirique qu’il relate.
Le Vampire de Bagdad. Histoire orientale : Près de Bagdad, le pêcheur Gia Hassan et sa fille Phaloé vivent des poissons tirés du Tigre par son père qu’elle revend à la ville. Un jour elle rencontre un soldat, Kaled, et tombent tous les deux amoureux. Cependant, celui-ci doit partir à la guerre, alors qu’il comptait se retirer de l’armée après de loyaux services. Ils décident de demander grâce au calife Haroun al Raschid. Entre temps, se présente à Hassan et Phaolé un inconnu, Nadir, qui se dit proche du prince de Bagdad et lui propose de se présenter en son nom. Lorsque Kaled apprend cette histoire, il devient jaloux, d’autant plus que ce Nadir est son chef, et selon Kaled, un vampire. Apprenant la réaction de Kaled, Nadir promet de se venger, et de retour chez Phaloé, il est arrêté par des gardes et conduit dans la prison du palais. Le lendemain lors de l’audience publique auprès du calife, Kaled est présenté en présence de Hassan et Phaloé ; il explique la situation et ses actes, puis le calife se révèle comme l’étranger. Il autorise les deux amoureux à se marier.
Le ministre raconte régulièrement des histoires à la cour, qui le font apprécier. Un soir, il sauve le duc durant un incendie, qui lui offre la récompense qu’il peut choisir. Il se rend auprès de la fille du duc Éléonore en espérant la marier, mais elle veut se donner corps et âme à celui qui l’a sauvée, Albini. Mais le ministre l’envoie à la guerre et le fait partir. Là, le duc oblige sa fille à prendre en mariage le ministre. Lors de la cérémonie, avant les vœux, une femme inconnue prévient Éléonore que le ministre est responsable de son malheur et lui déconseille de se marier. Puis, c’est au tour d’Albini d’apparaitre, revenu en secret de la guerre, et d’accuser le ministre lord Seymour d’être un danger pour la fille du duc, plus précisément un vampire. Là, Léonti, Aubrey et Nadour-Héli apparaissent en troubadours et déclament des poèmes évoquant la culpabilité de lord Seymour, puis l’accusent publiquement d’être lord Ruthwen, un vampire, et des meurtres de la sœur d’Aubrey, de Bettina, de Cymodore, et d’avoir mis le feu lui-même au palais. Pourtant le duc veut écouter les explications de son ministre, puis après leur entretien, les trois amis sont arrêtés, et la cour est expulsée, Albini est arrêté pour désertion et condamné à mort. Eléonore parvient à éviter la sentence en échange de son accord de mariage avec lord Seymour/Ruthwen, mais lors de la cérémonie, Bettina arrive et accuse lord Seymour d’être un vampire puis succombe, Léonti le tue d’un coup d’épée puis retourne l’arme contre lui. Éléonore meurt, comme chaque jour malgré la fin de lord Ruthwen une jeune femme de la cour. Lorsque le cercueil de lors Ruthwen est ouvert, le cadavre a gardé un aspect vivant malgré sa pâleur, ce qui pousse à bruler le corps, mettant fin aux disparitions tragiques. Albini devient premier ministre, Aubrey et Nadour-Héli s’installent à Modène définitivement.
Manuscrit trouvé
Cette partie évoque un manuscrit retrouvé dans les appartements de lord Ruthwen retraçant la première partie de sa vie, la parution dudit écrit est envisagée (celui-ci est logiquement Le Vampyre).
Notes des vampires
Cette partie présente des commentaires de l’auteur sur Le Vampyre (sur lord Byron), et sur sa création.
Le Vampyre
Aubrey, un jeune anglais, et sa sœur sont riches, il fréquente la société et fait la connaissance de Lord Ruthven, un être énigmatique, séducteur, beau mais pourtant froid et semblant sans vie. Il a la réputation de charmer sans succomber aux atours de ses prétendantes. Aubrey est subjugué par le personnage et décide de le suivre en voyage, afin d’acquérir de l’expérience et comprendre la fascination qu’il a pour lui. Ruthven accepte.
Dès une escale à Bruxelles, Aubrey se rend compte que les personnes qui le croisent connaissent le malheur. Ils partent pour Rome, mais Aubrey décide de le quitter lorsqu’il commence à séduire une jeune aristocrate. Il décide de partir pour la Grèce.
Là, il tombe amoureux de la fille du tenancier de l’auberge où il vit, Ianthe, qui lui fait visiter la région. Lorsque Aubrey a prévu de sortir tard un soir, elle l’en dissuade, en lui dévoilant des histoires de vampires dans la région, confirmées par ses parents. En l’occurrence, il rentre tard, et entend des cris provenant d’une maison, il y trouve Ianthe assassinée, alors que son agresseur prend la fuite. La mort de Ianthe provoque chez lui une maladie, et Ruthven apparait alors et s’occupe de lui pendant toute sa convalescence. Lorsque Aubrey se porte mieux, il décide de continuer à côtoyer son ami, mais ils sont attaqués et Ruthven meurt. Ce denier lui fait jurer avant sa mort de ne jamais dévoiler ses crimes et sa mort. Aubrey s’y engage, bien qu’il ne comprenne pas bien la situation.
Aubrey rejoint sa sœur à Londres, en passant par la Turquie puis Calais. Alors qu’elle doit pour la première fois sortir en société, Aubrey rencontre Ruthven, alors qu’il le croit mort en Grèce. Aubrey tenu par sa promesse, tombe peu à peu malade et commence à avoir des délires. Pendant ce temps, sa sœur tombe amoureuse et doit se marier, et quand il l’apprend, et voit son futur mari, Aubrey se rend comte que c’est Ruthven. Il tente par tout les moyens de faire annuler le mariage, mais n’y arrive pas, et dès la nuit de noce, sa sœur meurt, ensanglantée avec des traces de morsures, alors que Ruthven a disparu.
Commentaires
« Observations préliminaires » est un texte de Charles Nodier, qui a adapté Le Vampyre au théâtre dès sa sortie en 1820, et est auteur de contes fantastiques et d’histoires vampiriques, notamment Smarra ou Infernaliana.
Lord Ruthwen ou les Vampires est en l’occurrence une suite à Le Vampyre écrite par Cyprien Bérard. Les trois parties proposent un style assez ancien, et pourtant facile et bizarrement moderne, et très agréable. Cette nouvelle met en abyme plusieurs petites histoires très courtes qui s’entrecroisent, se succèdent ou se confondent. Si l’aspect vampirique est très basique, la forme est vraiment séduisante. Les intrigues sont tout de même d’une naïveté et d’une simplicité évidente, voir décevante, probablement en raison de leur longueur limitée, et l’aspect vampirique est tellement effleuré que la « suite » n’est pas forcément le bon terme, tellement seul le personnage se trouve parachuté dans diverses historiettes indépendantes de ses aventures initiales. Mais cela reste très sympa à lire, tout de même incontournable pour un mordu de vampire bien qu’anecdotique.
Le Vampyre est une très courte nouvelle, très simple, qui n’a pas tant d’intérêt pour son style ou son intrigue que pour sa genèse (écrite en 1816, sur les bases d’un brouillon de Lord Byron, le même soir que Frankenstein par Mary Shelley) ou pour l’impact quelle va avoir. Polidori se fâche avec son ami Lord Byron, et semble-t-il modifie le personnage pour lui donner les traits de celui-ci. C’est l’un des premiers textes en prose incluant des vampires, qui ouvre la voie à de nombreux autres (comme Josh Sheridan Le Fanu et Carmilla, ou Bram Stoker et Dracula) et va populariser le genre.
- Le Vampyre (et Lord Ruthwen ou les Vampires)
- Cyprien Bérard
- 1820
- Aux Forges de Vulcain (2019)
- 9782373050554
Également dans ma collection
- Le Vampire, d’après Lord Byron
- John Polidori
- 1819
- Actes Sud, Babel (1996)
- Traduction de Jean-Claude Aguerre
- 9782742709069
Également dans ma collection
- Le Vampyre, une légende
- John William Polidori, John Stagg, Cyprien Bérard
- 1810, 1819, 1820
- Sirius (2011)
- Traduction par Jocelyne Warolin, Henri Faber
- 978274431746