Vendredi ou La Vie sauvage7 minutes de lecture

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En 1759, la galiote hollandaise La Virginie, qui emmène Robinson Crusoé en direction du Chili afin d’établir des relations commerciales ; elle contourne le continent par le cap Horn au sud, en remontant vers Valparaiso depuis l’Europe, mais essuie une tempête qui semble figer le navire, à proximité de l’archipel Juan Fernandez, à 600 kilomètres au large des côtes chiliennes. Sur le pont, une vague emporte tout l’équipage. Au matin, Robinson se réveille allongé sur une plage, l’épaule endolorie, et voit échoué un peu plus loin le navire dévasté. Il pénètre la végétation dense et tombe face à un bouc sauvage qu’il assomme puis monte sur les hauteurs, depuis où il s’aperçoit qu’il est sur une île déserte (aucune habitation n’est visible). Il trouve une première grotte trop grande pour l’explorer sur le moment, et après avoir cueilli et consommé un ananas, il s’endort. Le lendemain, il redescend sur la plage et récupère la carcasse du bouc mort et mange la viande cuite sur un feu allumé grâce à une pierre de silex. Il décide de maintenir le feu allumé en permanence pour attirer les bateaux qui pourraient passer à proximité , puis le troisième jours, il mange des baies, des coquillages et des plantes, et des œufs d’oiseaux et de tortues. Lassé d’attendre l’hypothétique venue d’un navire, Robinson se décide à construire une embarcation assez robuste pour atteindre la côte. Il construit un petit radeau pour atteindre La Virginie échouée, d’où il ramène des vivres, des armes et du matériel comme du bois ou un peu d’outils comme une hache, et se met à construire son bateau qu’il nomme « L’Évasion ». Après plusieurs jours de dur labeur, Robinson finit son embarcation, mais se rend compte qu’il est incapable de tirer le bateau jusqu’à l’eau, ni de creuser un titanesque chenal, et abandonne alors ce projet. Il se met à se prélasser tous les jours dans des eaux boueuses en putréfactions, qui, très agréables soient elles, luis provoquent des hallucinations ; il voit notamment un navire s’approcher, puis longer l’île sans accoster et repartir, mais lorsqu’il voit accoudée au bateau sa sœur morte depuis plusieurs années, il comprend que son état est préoccupant et arrête de prendre des bains de boue.

Il décide de mieux s’installer et organise la vie sur l’île ; grâce à de nombreux voyages, il récupère tout ce qu’il peut sur La Virginie et ramène tout sur l’île qu’il a baptisé Speranza (espoir), dans la vaste grotte, notamment des vêtements, des bijoux, des voiles, un baril de tabac et trois de poudre à canon. Il rapporte des livres dont l’encre a été effacée par l’eau, pour y écrire un journal à l’aide d’une substance qu’il trouve sur un poisson abondamment présent autour de l’île. Il décide de comptabiliser les jours pour tenir un calendrier et confectionne une sorte de clepsydre avec un bidon percé. Sur l’île, vivent des chevaux, et notamment chèvres en liberté qu’il parvient à capturer grâce à des clôtures qu’il confectionne. ; il en récupère le lait. Il plante les graines de céréales qu’il a récupéré et les cultive, et récolte du riz, du blé et de l’orge. Après de longues semaines, il moissonne mais plutôt que de consommer sa récolte par exemple en faisant du pain, il décide de replanter pour avoir une moisson suivante encore plus importante. Il ressent à un moment une baisse de moral et retourne dans les marais boueux , mais Tenn, le chien de La Virginie, qui a survécu sans se faire remarquer il ne sait comment, sort d’un bosquet et vient à lui. Le millième jour qu’il a comptabilisé, il décide d’établir des lois ou plutôt des règles. Puis un jour, il voit caché sur la plage une fumée blanche émanant d’un feu autour duquel des indiens Araucan de la côte du Chili qu’il a reconnu, sont en train de faire un rituel. Une vieille femme danse en transe et inspecte chaque indien placé en cercle autour de l’âtre ; lorsqu’elle en désigne un, celui-ci est tué au couteau et démembré puis jeté au feu en morceaux. Après ce rituel sacrificiel, ils repartent avec les trois pirogues dans lesquelles ils sont arrivé, selon Robinson, probablement d’une île proche, dans l’archipel Juan Fernandez. Ne se sentant plus en sécurité, Robinson barricade sa grotte-maison, avec palissades et fossés et de nombreux pièges. Après une période de pluie, il récolte ses céréales qui lui permettent de faire du pain ; une partie de la récolte est mangée par les rats, mais il parvient à lutter contre ces nuisibles. Robinson est très occupé chaque jour à travailler sur ses cultures, ou gérer ses élevages de lapins, de poissons. Il se rend compte cependant qu’il est triste et se force à rire chaque jour avec l’aide de Tenn. Robinson décide d’explorer le fond de sa grotte, et là, il trouve en contrebas, une petite caverne dans laquelle il rentre exactement accroupi couché sur le côté ; il y vient alors régulièrement pour dormir, et perdre la notion du temps en rêvant.

Un jour, il revoit une fumée blanche du côté de la plage, lui indiquant le retour des Araucans en pirogues. Arrivé sur la plage, un sacrifice a déjà eu lieu, mais plus nombreux cette fois-ci, ils procèdent à un second sacrifice. Cependant, la victime prend la fuite, et caché dans la végétation, Robinson tue avec son fusil l’un de ses deux poursuivants, faisant fuir le second, ainsi que les autres indiens. Alors, le fuyard arrivé au niveau de Robinson s’agenouille et avec ses mains au sol se recourbe en soumission. Robinson habille, nourrit et loge ce rescapé à la peau noire, ce qui pour Robinson a probablement marqué la raison de sa culpabilité. Il veut avec l’aide de celui qu’il surnomme alors Vendredi, jour de sa découverte, tenter de mettre à l’eau L’Évasion, mais toute la boiserie a été mangée par les termites. Robinson lui apprend quelques mots d’anglais qui leur permettent de communiquer ; Vendredi devient le serviteur de Robinson et effectue de très nombreuses taches manuelles, soulageant la peine du naufragé. Quant à lui Vendredi amène certains savoir comme l’usage d’une arme de lancer appelée bolas, ou la confection d’une pirogue ; mais toutes les tâches qu’il effectue lui sont payées par Robinson, avec les pièces retrouvées sur La Virginie, singeant un travail ; Vendredi peut acheter des objets ou se payer une demi-journée de repos. Il accepte d’être dévoué à Robinson par reconnaissance de lui avoir sauvé la vie, mais ne comprend pas bien la nécessité de toute ces activités, bien qu’il lui explique qu’il vit comme ceci en Occident. Vendredi, lui est parfois cruel avec certains animaux, sans savoir qu’il peut choquer Robinson, par exemple en arrachant la carapace d’une tortue vivante, ou en mâchant des vers, pour les donner en becquée à un oiseau tombé du nid, ou bien à l’inverse protéger des animaux que Robinson considère comme inutile, comme des rats. Très longtemps après, Robinson, qui n’est pas allé dans la petite caverne depuis l’arrivée de Vendredi, ressent de la tristesse et décide de passer du temps à méditer, sans prévenir Vendredi. Celui-ci qui s’aperçoit de la disparition de son maitre, décide de vivre à sa manière, de jouer et d’être heureux ; innocemment et sans penser aux conséquences, il prend les habits les plus beaux et les bijoux pour habiller les cactus ; puis lorsque Tenn se baigne dans la rizière, il est sur le point de se noyer, et pour le sauver, Vendredi assèche la plantation, détruisant la culture. Il crée une sorte de petit camp avec un hamac et de nombreux objets et commence à vivre à l’indienne. Au bout d’un jour et demi, Robinson sort de la petite caverne et s’aperçoit avec tristesse que Vendredi a arrêté toutes ses habitudes et vit de manière non-civilisée, mais qu’il est surtout heureux sans lui. Malgré tout, la vie reprend progressivement son cours, bien que Robinson comprend que son serviteur n’est pas heureux. Cependant, un jour alors que Robinson est parti, Vendredi essaye la pipe, mais à l’arrivée de son maitre, il la jette au fond de la grotte puis sort. Au bout de quelques minutes, les nombreux barils de poudre à canon s’embrasent et font exploser la grotte-maison, et tout le complexe, palissades, cultures, champs ; Tenn meurt ; tout est anéanti, comme le moral de Robinson, qui abdique et décide d’abandonner toutes ces règles, ces pratiques et ces besognes quotidiennes, pour vivre selon le mode de vie de Vendredi. Tous se fais dès lors dans la bonne humeur et sans règle, Vendredi est l’égal de Robinson, plus de maitre et plus de serviteur. Tous deux jouent, brulent des arbres, font du tir à l’arc, ou font la sieste, Robinson se coupe la barbe, laisse pousser ses cheveux, et change d’attitude, et devient plus tolérant et compréhensif. Ils s’imitent, et se fâchent, mais en rigolent par la suite. Toutes les activités sont réalisées sans le moindre effort, selon les traditions indiennes Araucans, la pêche, la chasse, le mode de vie tout entier. Par la suite, l’île est envahie par des perroquets, le duo est obligé de parler en langage des signes. Puis Vendredi sauve une chèvre qu’il soigne, et elle s’attache à lui, restant à ses côté pendant quelques temps. Le chef des boucs de l’île charme la femelle qui la suit, mais Vendredi décide de la récupérer malgré sa promesse contraire auprès de Robinson. Il finit par tuer le bouc et récupérer sa peau pour en faire un cerf-volant, dont ils se servent pour pêcher. Avec le crane de la bête, Vendredi construit une harpe éolienne qui produit de la musique grâce au vent.

Un matin de décembre 1787, plus de 28 années après son naufrage, un navire s’approche, et fait escale sur l’île pour s’approvisionner. Robinson se pense sauvé. L’équipage du Whitebird, ce bateau anglais, débarque sur l’île et pille les fruits, tue de nombreux animaux et brule toutes les plus belles prairies lorsqu’un homme trouve des pièces d’or dispersées par l’explosion provoquée par Vendredi. Les deux solitaires montent à bord pour repartir. Vendredi s’y trouve à son aise, mais Robinson se se mal à l’idée de retourner vers la civilisation et de devenir comme tout les hommes horribles qu’il vient de voir. Il est également attristé par le mousse de 12 ans maltraité, lorsqu’il apprend la traite des Noirs en Afrique. Il décide de retourner sur l’île pour y rester à jamais, accompagné de Robinson. Après une première nuit, Robinson se réveille, mais il ne trouve pas Vendredi ; il fouille l’île et comprend rapidement qu’il est retourné sur le bateau. Mais lorsqu’il décide de retourner dans la grotte où il y dormait et perdait la notion du temps, il trouve le jeune mousse, Jean, qui a préféré quitter le navire et ses tortionnaires, pour vivre avec l’homme qu’il a jugé plein de bonté. Robinson le renomme Dimanche, jour où il le découvre, et tout deux commencent à vivre une nouvelle aventure solitaire sur cette île.

Commentaires

C’est un roman d’aventures, pour la jeunesse, du type robinsonnade, adapté par l’auteur lui-même de Vendredi ou Les Limbes du Pacifique. Tournier dit avoir voulu écrire une version simplifiée de son long et détaillé roman, et pas un roman pour la jeunesse. Tout le début de l’œuvre est calquée sur Robinson Crusoé, l’original, puis donne une place plus centrale au personnage de Vendredi sur la fin du récit. Pour ma part, je l’avais lu au collège, mais sans m’apercevoir de ce côté insipide, de situations rapidement livrées, où tout est amené sans méthode, sans style et sans intérêt, comme les nombreux loisirs et le mode de vie de Vendredi qui m’ont paru un peu rébarbatif ; mais c’est tellement rapide à lire, que ca reste sympa et un bon résumé avant de lire l’original, enfin, l’œuvre complète. Le manque de développement de l’intrigue (quand tu pense que déjà la première moitié est quasiment resucée de l’original), et le manque de complexité, où les simples successions d’anecdotes sans grands intérêts sur les activités des deux hommes vivant à la Vendredi me laissent sur ma faim, malgré les petits rebondissement à la fin. L’énormité du chef-d’œuvre de Daniel Defeo y est peut-être pour quelque chose ; sinon, il aurait été préférable de commencer par « Les Limbes du pacifique » pour éviter cet effet de superficialité. Il faut aussi dire que j’ai lu il n’y a pas si longtemps Seul sur Mars, qui présente un aspect technique de survie et robinsonnade assez précis en tentant le réalisme, un peu à l’opposé de cette œuvre minimaliste sur le sujet. On y trouve également l’aventure, si la survie est minimale, et d’autres thèmes comme la critique du mode de vie occidental et les différences de civilisations et leurs propres normes, l’esclavagisme et la liberté, la jalousie, l’amitié, le jeu…